Vu le retard causé par le vol, je décide de plutôt de m’arrêter à Mexico, pour faire mon film Hostelling International là-bas. Dommage, à Oaxaca, j’aurais vu Anne, qui était précisément dans la même auberge !!
Montage sans fin pour mon film sur les élections américaines: il a duré tout mon séjour à LA, puis à l’hôtel à TIjuana, puis à l’aéroport à Mexico, puis à l’auberge. Je ne sais donc travailler “efficacement” que quand la dernière limite approche. Pourquoi essaye-je depuis tant d’années de me persuader du contraire ?
Oli | octobre 23, 2008 @ 17:01
JB! J’espère qu’il y aura encore des avions annulés!!Tu m’as fait super rire!!! C’est un de tes meilleurs films….!-)))
Thomas (aka Poney Spears) | octobre 23, 2008 @ 19:31
genial!!
Et les bus ils les annulent pas???
Un petit exercice que je m’amuse régulièrement à faire depuis que j’ai passé quelques jours dans le désert: faire l’analyse sonore du bruit ambiant. Essayer d’isoler et de reconnaître chaque composante du son qui parvient à mes oreilles. C’est pas nécessairement évident.
Un vieux souvenir de cours: dans la pratique, le vide sonore absolu est impossible. Même dans le plus grand isolement sonore, il restera toujours le bruit des battements du coeur de celui qui écoute… C’est dire s’il est rare de se retrouver dans de telles conditions: un endroit où il ne reste vraiment plus que son propre coeur à écouter.
Eh bien à Tecopa, c’était frappant. Je n’en suis pas arrivé là, mais quand j’y prêtais attention, le silence était… vertigineux. Le moindre petit bruissement prend des proportions démesurées.
Quand j’ai fait du stop dans le désert, à des kilomètres de toute habitation, il y avait un panneau indicateur métallique à une trentaine de mètres de moi. Parfois, un léger souffle de vent lui faisait émettre un petit bruissement. Un tout tout petit murmure. Mais là, c’était comme s’il remplissait tout le désert. Et du coup, on se rend compte de la grandeur du silence qu’il y a autour.
J’ai aussi pris une photo, en attendant. Je me suis rendu compte pour la première fois qu’il y avait un moteur dans mon appareil photo ! Probablement le stabilisateur d’image. Eh bien j’ai longtemps attendu le passage d’une machine agricole, avant que l’appareil s’éteigne automatiquement (en faisant un plus gros bruit); le silence qui a suivi m’a fait comprendre que ce son provenait de l’appareil dans ma main !
Tout ça pour dire (mon dieu qu’est-ce que je suis bavard) que j’ai été frappé par le bruit à Mexico. Il y a tellement de pistes sonores dans la table de mixage de mes oreilles que ça parait impossible de les cerner toutes. J’ai essayé, mais il restait comme une part d’un brouhaha que je ne pouvais pas identifier, que je ne pouvais même pas qualifier de grave ou aigu, de mécanique ou d’humain, juste un remplissage indéfinissable, impalpable. Depuis le restaurant de l’auberge de jeunesse, y a les gens qui parlent, les frigos, les bruits de vaisselle, une musique puissante, on entend les voitures qui passent, la musique amplifiée d’un spectacle de rue, les cloches de la cathédrale, un orgue de barbarie, des gens qui parlent en marchant dehors, la grosse caisse qui rythme une démonstration de danse tribale, les cris de marchands ambulants…
Je dois dire que la journée de montage que j’ai passée là n’était pas des plus agréables 🙂
Patrick (de Gedinne) | octobre 28, 2008 @ 4:24
Il y a des gens qui sont doués pour partager leur vécu et d’autres qui ne le sont pas.
Par bonheur, tu as ce don.
Je crois qu’un voyage de ce type, ça s’apprécie en trois temps : 1) quand tu le vis, 2) quand tu le racontes, 3) quand tu t’en souviens… et paradoxalement, je suis persuadé que le plaisir va croissant.
En racontant tes aventures avec tant de détails, tu fais bien sûr un cadeau à tes lecteurs mais tu t’en fais aussi un superbe à toi-même. Tu sauras l’apprécier dans quelques mois quand sera venu le temps de la nostalgie…
Merci de partager. Merci de rappeler que la vie, ça peut être ça aussi. Merci de prouver que les Gedinnois aussi peuvent vivre de grandes choses…. Que, non, quoi que certains en disent, le monde ne s’arrête pas à Pondrôme !
Vanessa de Gand | octobre 28, 2008 @ 14:26
Liefste JB. Ik blijf je volgen en ben geboeid door je avontuur. Deze maal in een land waar ik bijzonder van hou, Mexico. Alhoewel ik alleen de kust ken en enkele pyramides, dus helaas als echte toeriste. Het bezoek aan de steden zal er ooit van komen, beloof ik mij ieder jaar. Ik ben een beetje jaloers dat jou het dus wel is gelukt. Wil je mij daar aankondigen JB en zeggen dat ik in aantocht ben? Je t’embrasse.
– Les Mexicains ont des têtes de Mexicains. Euh… comme dans Lucky Luke 🙂
– C’est incroyable comme la ville bouillonne de vie. Des commerces partout, tout petits. Les gens ont l’air très débrouillards pour se faire un peu d’argent. Ici, un restaurant peut tenir sur un mètre carré. Une vieille dame peut faire des tacos, et les y vendre aux passants, et ça marchera à coup sûr. Avec un mètre carré, on peut aussi ouvrir un WC (y en a à chaque coin de rue, la tourista doit faire les affaires des Mexicains !). Des tas de vendeurs ambulants, d’échoppes d’artisanat, et de commerces habituels en tous genres. Des petits établissement, mais qui ont tous l’air de fonctionner du tonnerre. Il y a même des magasins devant lesquels il y a une espèce de présentateur, avec un micro, qui passe la journée à vanter l’établissement!
– Même dans les rames du métro, des marchands ambulants se promènent avec un stock d’un seul produit, des éponges ou des lampes de poche, par exemple, et les vendent pour un prix dérisoire. Ils font leur pub en criant. Ou alors, des aveugles, qui vendent un CD dont ils diffusent la musique avec un poste calé dans leur sac à dos. Ils avancent à tâtons parmi les passagers.
Et tout cela marche. Ils ne se font sûrement pas beaucoup de bénéfice à l’unité, mais ils vendent beaucoup.
– Beaucoup de très petits enfants vendent aussi dans le métro ou en rue. Ils ont souvent un panier de chocolats et de bonbons. Ils souvent par deux, et ils ont parfois à peine huit ou neuf ans, avec un petit frère ou une petite soeur !
– Les Mexicains adorent les reprises de musique. Partout, tout le temps, on entend des tubes réinterprétés en espagnol, ou “Let it be” au violon, ou encore la version reggae de “Titanic”.
– Une première pour moi: je me sens trop grand. Dans la foule, je dépasse un peu. Dans les galeries commerçantes avec des articles suspendus partout, je dois marcher la tête penchée.
– on peut acheter des cigarettes à la pièce chez le marchand de journaux. Un paquet de chaque marque est ouvert, on se sert, et on donne une pièce au marchand.
– Mais on voit très peu de gens fumer.
Moeder | octobre 29, 2008 @ 3:07
Spijtig! Je moest de sterren van zijn schoenen niet laten zien.
Agacé par le bruit dans l’auberge, et pas du tout inspiré pour y faire un film, j’ai décidé d’aller m’installer dans une autre, toute petite, dans un cul de sac dans un quartier calme. Et d’opter pour le difficile thème officiel de la semaine: “documenteur”. J’ai une idée un peu débile. Et soit ça marche et c’est réussi, soit je me plante complètement et c’est pathétique… Vous jugerez vous-mêmes.
Pour ce film, je dois solliciter de l’aide, car j’ai besoin d’être filmé moi-même. Et c’est aussi pour ça que j’ai choisi la petite auberge: ce sera plus facile de me faire de suffisamment bonnes connaissances là-bas que dans cette usine de 200 lits où je suis.
C’est ainsi que Guy, un Israélien, devient mon premier cameraman. Guy se donne six mois pour visiter le Mexique et l’Amérique Centrale. Il m’apprend que c’est courant pour les Israéliens de faire un break après leur service militaire (de trois ans !), et de faire un grand voyage en Amérique latine, ou en Inde.
J’ai enfin trouvé un coiffeur de chez qui je ne ressors pas déprimé. Le problème, c’est qu’il est un peu loin de Bruxelles.
Cest un des petits détails behind the scenes qu’il faut gérer quand on voyage si longtemps. Et qu’on na pas l’habitude de faire ailleurs. Passer chez le coiffeur. Racheter des chaussettes. Faire des lessives.
La petite auberge HI se trouve dans le quartier Zona Rosa, c’est le quartier branché/gay de Mexico. C’est Guy qui me la fait remarquer, un peu hautain, d’ailleurs. Moi, il faut croire que je n’ai pas les yeux en face des trous ! Car énormément de couples homos se baladent main dans la main, même bien plus qu’à San Francisco. Autre chose que je n’avais pas remarquée, et là c’est Geoffrey qui me le fait rendre à l’évidence: physiquement, les Gringos ont la cote chez les Mexicaines. Et chez les Mexicains de la Zona Rosa. Du coup, pour voir, je soutiens le regard des mecs que je croise. Wooops en effet ! Cest assez gratifiant, je trouve 😛
Thomas (aka Poney Spears) | octobre 30, 2008 @ 21:07
Mon post prefere!!! :-)
Cha | novembre 2, 2008 @ 17:57
Tu métonnes, Thomas! ;-)
On se demande pourquoi? :-)
Biz à tous les 2!
P.S.: JB, cest toujours un réel plaisir de lire ton journal!!!
T-Rex | novembre 24, 2008 @ 15:25
Mi querido Sebastian, un poco de conocimientos de geografía de la ciudad pueden ayudar. La Zona Rosa no está en el Zócalo y el Albergue HI está en pleno Zócalo que contiene muchísima historia en sus murales, edificios y calles pero a cada quien sus intereses a resaltar aún cambiando los sitios y sus nombres.
Linda foto desde el techo del albergue con tu ropa donde podemos ver una parte de la Zona Zócalo.
Il y a un détail insolite dans cette photo. Lequel ?
Réponse: Ben il n’y a que des femmes sur cette partie de quai ! Pendant les heures de pointe, une partie des rames du métro sont exclusivement réservées au femmes (et petits enfants). Celles-ci ont le droit d’être un peu moins compressées que les hommes. Et compressé, c’est peu dire.
J’en fais les frais. Bloqué comme ça pendant tout un temps entre deux stations. Ma caméra disparaît de mon sac.
Me voilà paralysé…
Mais pour deux jours seulement. Car, il faut le souligner, l’équipe de production de Müvmédia est disponible et efficace: Marie-Michèle m’expédie directement une caméra de remplacement, qui me parvient une quarantaine d’heures plus tard.
Et… je vois Geoffrey qui est à Mexico aussi ! Quel plaisir d’échanger nos expériences, plaisirs, frustrations de Müvmédiens ! C’est bizarre, c’est en le voyant ici que je réalise subitement que je suis au Mexique ! On passe quelques heures ensemble, il me donne aussi un coup de main pour mon film, et puis nous retournons vers nos travaux respectifs. C’est que la dead line approche… Il y a toujours une dead line qui approche, pendant Müvmédia… :-S Je décline son invitation à un match de catch mexicain, très populaire ici. (Il me reste moins de deux jours pour terminer le tournage et faire le montage.) Mais ce n’est pas pour autant que je n’expérimenterai pas ce sport, comme vous le constaterez dans une très prochaine émission télé.
Pour ce film, j’ai copié Maxime, je me suis senti inspiré pour une affiche…
Bientôt sur vos écrans et sur www.muvmedia.tv ! 😛
Maxime | octobre 30, 2008 @ 6:23
Joli article. Jolie affiche. J-B, je tiens à te dire que j’ai pensé à un sujet si tu fais un film au Québec… Je crois que tu aimeras, j’ai les contacts et tout… écris-moi si ça t’intéresse.
Voyager seul pendant trois mois, ce n’est pas toujours facile. A un point qu’on peut se prendre à fantasmer un compagnon de voyage. Quelqu’un qui serait sur la même longueur d’onde. Et si ça arrivait vraiment ? Et si ce n’était finalement pas si agréable que ça ?
Merci aux nombreuses personnes qui ont collaboré, en particulier à Guy.
Thème imposé : DocuMenteur Lieu : Mexico, Mexique Mon état moral : 7/10 Hébergement : Dans deux auberges de jeunesse de Mexico. Inspiration : C’est le genre de cas que j’aime, où je ne dois pas me creuser pour trouver des idées. Doper était sur ma route, tout simplement.
RESULTATS DU JURY Emmanuel Gras: 17/20 J’ai BEAUCOUP aimé. Au delà de la performance technique (passage en panos assez bluffant) et de l’idée première assez amusante mais aussi casse gueule (risque de blague de potache), le film de Jean Baptiste réussit à toucher quelque chose d’assez profond. Cet autoportrait dual n’est en effet pas aussi simple qu’on pourrait l’imaginer au départ car Jean-Baptiste a la finesse de ne pas être dans l’opposition noire et blanche des aspects de sa personalité.
Tatiana De Perlinghi: 15/20 Idée marrante et surtout belle réalisation, jolie prouesse technique, on est bluffé! Malheureusement, je n’ai pas été dupe de l’accent « flamand » de Doper (ce qui n’est un problème que pour les belges) d’où je n’ai pas aussi bien « marché » que les autres. J’ai trouvé aussi que l’expression orale aurait pu être un peu plus soignée pour donner plus de profondeur au propos (le fond y était, mais dit de façon un rien maladroite à mon sens, ou pas assez sérieusement)… bref, je suis restée sur une impression de blague de potache qui n’était peut-être pas tout à fait l’esprit voulu.
Pascale Buissières: 17/20 Ce film est mystifiant techniquement. A-t-il un frère jumeau. Très habile, drôle, charmant. Ceci est un beau témoignage, un peu candide à propos de cette quête qui guide le voyageur.
Note finale: 49/60
tanguy.fraval - 21 nov. 2008
Salut JB,je ne suis pas un bon critique car peu connaisseur de ton métier;mais je te soutient bien fort (tardivement d'accord,"vieux motard que jamais")ahah:-)...En fait on te suit depuis le début...
Bref,Muriel et moi aimons vraiment ce que tu fais et franchement merci pour le talent que tu as pour nous faire partager tes impressions,aventures,émotions,ainsi que tes délires...
Bravo pour tes mises en scène perso.
Nous te souhaitons donc plein de courage pour la fin de ton périple,en espérant te revoir autour d'une bonne bouffe qui doit aussi te manquer?
En fait quand je vois tes reportages,je pense très souvent à ceux de l'équipe de Daniel Mermet, un animateur radio,(sur France Inter), bien engagé (altermondialiste) que j'aime écouter chaque jour.....et qui je crois pourrait bien te donner du boulot!
J'arrête là car tu as d'autres chats à fouetter, mais voilà:bon courage et au plaisir de te revoir même si on se connaît assez peu.
Bien à toi,
Tanguy
pascal lahaut - 16 nov. 2008
Bon, très bon et fier d'être belge. Tu es promis à un bel avenir cinématographique. CONTINUE !!!
mjgmjg7 - 15 nov. 2008
Oui, c'est ça, des poupées russes et aussi des jeux de miroirs ( c'est le cas de le dire) , et de mises en abîme. Une forme qui se superpose parfaitement avec le fond. Astucieux, profond, touchant. Bravo.
M - 15 nov. 2008
De vraies poupees russes en camera. Tres tres interessant. Bravo.
Steph rochez - 14 nov. 2008
Très chouette film JB!!!
Je trouve ça assez surréaliste, décalé... très belge finalement! :)
Christelle - 14 nov. 2008
C'est géant! J'adore!!!!! 2 pour le prix d'un!!! C'est vraiment très très chouette, surprenant, enfin j'ai vraiment adoré! FELICITATION!
sofmathieu - 13 nov. 2008
Bravo pour ton accent flamand j'adore JB, t'es le meilleur!
Julie Bresmal - 13 nov. 2008
très chouette film... vraiment! proficiaat JB...
Vince - 12 nov. 2008
Une technique originale fonctionnant très bien. Le procédé utilisé marque vraiment ton "inventivité-créative" : félicitations ! Ce montage a sans nul doute demandé beaucoup d'investissement de ta part et le résultat est excellent.
sabrina - scarna 11 nov. 2008
Dag Doper et bienvenue chez les poneys! ton film est terrible, génial et si inventif pourtant si simple ou si simple mais pourtant si inventif! tu es trop top!
Lili - 11 nov. 2008
Wow, quelle chouette manière de clôturer ces 3 mois ;o)))
kicker - 11 nov. 2008
Bluffant!! Félicitations Jean-Baptiste! Rassure toi, avec ta barbe tu es bien plus beau que Doper...!-))
amandineleduc - 10 nov. 2008
Vraiment super! Bravo J-B!
mariannehody - 10 nov. 2008
On ne s'ennuie pas dans tes films; quand c'est fini, on dit "déjà?"
Uruapan est une ville à six heures de bus à l’Ouest de Mexico, dans l’Etat du Michoacán. C’est ici que je compte passer mon étape 8.
J’ai choisi Uruapan sans trop réfléchir, en fait, c’est aussi la première (et la seule) destination dont j’étais sûr avant de partir. J’avais vu une belle photo dans un guide, d’une église à moitié ensevelie sous la lave d’un volcan. J’avais regardé s’il y avait des couchsurfers à proximité (ma première recherche couchsurfing), et je suis tombé sur Chucho. Je l’avais déjà contacté depuis Bruxelles, et j’avais immédiatement reçu une réponse positive. Chucho, responsable d’une école de langues…
A ce moment là, je me suis dit qu’à vingt-six ans, son âge, ce ne devait pas être grand chose, comme école. Qu’il appelait peut-être “école de langue” le cours d’anglais qu’il donnait à deux-trois gosses le samedi après-midi. Eh bien, pas du tout. Chucho est bel et bien le fondateur et directeur d’un établissement comptant dix-sept profs et dix fois plus d’élèves (pendant que moi, à vingt-huit ans, je joue au vagabond au fin fond de l’Amérique :-S ).
Eminemment sympathique, ce Chucho. Il me fait penser à Rico dans Six Feet Under. Sanguin, généreux, impliqué.
Dès qu’il a un moment de libre, il apprend le saxophone. Il s’est mis au défi d’être capable de jouer un morceau de jazz qu’il aime beaucoup pour l’anniversaire de la fille sur qui il a des vues, samedi prochain. Il va lui faire une sérénade. N’est-ce pas mexicain en plein, ça ?! 🙂
Je passe beaucoup de temps dans la petite école. Je fais connaissance avec les profs, avec des élèves. Je participe à plusieurs cours de français et d’anglais en tant qu’invité. Je veille à parler correctement, à articuler, à ne pas aller trop vite ; mais souvent, les élèves ne comprennent qu’après que le prof ait répété mes phrases avec son accent espagnol !
Après son cours de français pour adultes, Jorge, le prof, propose qu’on aille tous boire un verre, et tout le monde suit. Autour d’une bière, les discussions en français se désinhibent, et les élèves n’arrêtent plus de me poser des questions. C’est marrant.
Je passe aussi deux cours avec la classe de Maria-Luisa, les débutants en français. Dès qu’elle a le dos tourné, on fait un peu avancer la conversation en parlant en anglais… 🙂
– Une digestion comme il se doit pour un étranger au Mexique
– Hyper à la bourre pour mon film, 48h avant la deadline, pas de sujet confirmé !!
– Aucune idée de la suite de mon voyage dans 48h, rien prévu, rien réservé.
Aujourd’hui, à 24h de la deadline:
– Digestion ok
– Sujet confirmé mais rien filmé
– Prochaine destination parfaitement arrangée
Où en serai-je dans 24h ?
Je ne pourrai filmer que lundi, … le jour de la dead line. Donc rien ne m’empêche d’aller avec Chucho à la fête de Zacán, un petit village pas très loin. Nous y allons avec Huetzin, un ami de Chucho, à moitié belge… Et son petit frère, Hendrik. Huetzin étudie en Belgique, à Anvers, il est en vacances chez ses parents à Uruapan.
Hugo est un couchsurfer d’un soir chez Chucho. C’est un Québécois qui traverse l’Amérique à vélo, il fait une halte d’un mois à Patzcuaro, pas très loin. Quand il m’a vu, il a cru qu’on se connaissait… Mais c’est parce qu’il avait suivi le début de Müvmédia ! Héhé, le début de la célébrité 😀
Outre un concours de danses traditionnelles et d’orchestres, il y a du rodéo au milieu de la foule. Le taureau est maintenu par des cordes, les volontaires doivent essayer de l’enfourcher et rester dessus.
Les gens vont aussi les uns chez les autres pour manger et boire. Les hommes portent tous la chemise blanche traditionnelle, avec des broderies. C’est beau de voir comme la tradition est importante pour tous les membres du village.
Plusieurs personnes me poussent à montrer de quoi un “grand” blanc est capable avec le taureau, mais je préfère m’abstenir :-). Mais c’est surtout Hugo qui est solicité, lui est vraiment grand, et sa longue barbe rousse suscite beaucoup d’intérêt. Il est rebaptisé Santa (Claus).
C’est finalement Chucho le plus téméraire, mais il le regrette: deux fois blessé en quelques secondes.
Le thème de la semaine est “Cessez-le-feu”. Chucho m’a parlé de la mafia, omniprésente à Uruapan. La région est un passage obligé pour la drogue vers les Etats-Unis. Un commerce énorme. Tout le monde connaît de près ou de loin des victimes ou des membres de la mafia. Ce qu’on n’avoue qu’à demi-mots, car pour se protéger soi-même, le silence est d’or. La police est corrompue, ce qui laisse la population complètement impuissante.
La mafia contrôle beaucoup de choses. Elle a notamment la main-mise sur les activités pas tout à fait légales ou pas du tout légales, mais que le gouvernement ne sanctionne pas. Le commerce de la drogue, bien évidemment, mais aussi le commerce des copies pirates, des jeux d’argent, etc. La vente des DVD et des CD copiés est une véritable institution au Mexique, mais dans la région d’Uruapan, si le vendeur n’appose pas l’autocollant de la mafia sur chacune des copies, il risque gros. Il doit acheter ces autocollants par téléphone à un anonyme. Même chose pour les machines à sous, le commerçant est contacté tous les mois par une personne différente, à laquelle il doit remettre une taxe.
A côté de cela, les disparitions. Maribel Martinez, conseillère municipale d’Uruapan, a été enlevée le mois passé. Pas de revendications exprimées à ce jour. Il y a aussi les meurtres de personnes qui n’agissent pas conformément aux règles mafieuses. Ou les pressions sur les journalistes qui osent critiquer.
Ou encore les “kidnappings express”, qui ne durent que quelques heures, le temps que la famille transmette l’argent aux kidnappeurs. Parfois des sommes peu conséquentes, il s’agit alors souvent d’autres bandits que la mafia.
Alors que Uruapan m’a semblé au premier abord être une petite ville bien tranquille, force est de constater qu’il y règne en fait un vrai climat de peur.
Extrait de la note d’actualité n°130 du Centre Français de Recherche sur le Renseignement.
(…) La situation sécuritaire au Mexique est actuellement dramatique. Ce pays est considéré comme le plus dangereux au monde juste après l’Irak. Les municipalités et les Etats provinciaux sont considérés comme totalement gangrenés. En conséquence, les services de police locaux semblent être inféodés à la pègre. Même au niveau fédéral, des cas de corruption ont été découverts. La menace physique pèse en permanence sur les décideurs. Ainsi, l’épouse d’un cousin germain du président Calderon a été assassinée 15 jours après son élection à titre d’« avertissement ».
La violence due aux cartels mexicains dépasse désormais les frontières. Ainsi, aux Etats-Unis, les meurtres se multiplient non seulement dans la région frontalière, mais aussi à l’intérieur de pays où la communauté hispanique immigrée est de plus en plus importante. De plus, les « Maras » sont très présents sur le territoire américain.
Il y a peu de chance que la situation évolue favorablement dans un proche avenir. Malgré les 35 000 militaires et policiers engagés dans la guerre contre les cartels à l’initiative du président Calderon, la situation est pourrie en raison de l’infiltration des services de sécurité par le crime organisé. Ceux qui sont incorruptibles se retrouvent sur des listes d’hommes à abattre de tueurs chevronnés qui n’hésitent pas non plus à s’en prendre à leurs familles. La peur règne au sein de la population qui, par crainte des représailles, ne coopère pas avec les forces de l’ordre. Les criminels et leurs proches ne dédaignent même plus à se pavaner en public en exhibant leurs richesses acquises dans de juteux trafics. Quiconque oserait s’en prendre à eux serait impitoyablement puni.
Plus généralement, si le monde craint la menace terroriste d’origine islamique, le danger que représentent les organisations criminelles transnationales (OCT) est infiniment supérieur en raison de la puissance financière qui est la leur. De plus, les OCT ont réussi à infiltrer la société civile en se servant de la corruption, de l’appât du gain et parfois de la menace (« plata o plomo », « de l’argent ou du plomb »).
En résumé, le crime organisé – qu’il soit sud-américain, russe, européen ou extrême-oriental – constitue actuellement un risque majeur pour les démocraties occidentales. Or, la majorité des Etats font porter leurs efforts policiers sur le terrorisme, dégarnissant d’autant les effectifs chargés de lutter contre le crime organisé. Il est peut-être encore temps d’inverser la tendance.
Source: Centre Français de Recherche sur le Renseignement. “Mexique: la guerre des cartels fait rage”. Note d’actualité n°130, 30 mai 2008. Disponible en ligne: http://www.cf2r.org/fr/notes-actualite/mexique-la-guerre-des-cartels-fait-rage.php (16 nov 08)
Via via, j’ai rencontré Martin, un journaliste qui a décidé de ne pas céder aux pressions de la mafia. Car les journalistes aussi font l’objet de menaces, s’ils dénoncent la corruption, par exemple.
Je ne dois pas dire comment, ni où je l’ai rencontré. D’une part, pour protéger les personnes qui m’ont renseigné. D’autre part, pour protéger son lieu de travail. Très peu de gens savent où il travaille.
Je vais donc là avec mon intermédiaire, sans dire à personne où je vais.
Ca me paraît d’abord un peu exagéré, mais quand Martin m’apprend qu’un collègue à lui s’est fait assassiner l’année passée, et que lui-même a déjà plusieurs fois reçu des menaces, je commence à comprendre la gravité de la situation.
Cette rencontre avait l’air très importante pour lui. Je suis confus de lui apprendre que je ne suis pas venu exprès de Belgique pour m’intéresser à la mafia à Uruapan. Qu’importe, il est essentiel selon lui qu’on parle de ce problème assez méconnu de l’opinion publique internationale.
La situation est grave. Depuis 475 ans qu’existe Uruapan, jamais la violence n’a été telle. En cause: le trafic de drogue. Les trois grands cartels mexicains tentent d’avoir la mainmise sur l’ensemble du trafic entre l’Amérique du Sud et les Etats-Unis.
Selon Martin, le futur ne laisse présager rien de bon. Enormément de jeunes semblent attirés par le “côté obscur de la force” et l’argent facile et rapide qu’on peut se faire en étant du côté de la mafia. Le côté “officiel” étant complètement pourri et corrompu à tous niveaux: municipal, étatique, fédéral, police, justice. Martin vient justement d’écrire un article dénonçant la situation d’un juge qui a laissé tomber toutes les charges contre un mafioso. Sa fille était victime de harcèlement sexuel…
Un article qui vaudra peut-être des menaces à Martin. Ce ne sera pas la première fois. Des menaces sérieuses, car il arrive régulièrement que des journalistes soient assassinés, ou disparaissent. Suite au meurtre de son collègue l’année passée, Martin est convaincu que le rôle des journalistes (du moins des rares qui ne se gênent pas pour dénoncer la mafia) est de s’exprimer plus que jamais. Il en faudra beaucoup pour qu’il s’arrête, mais il pense quand-même à sa famille. La situation est telle que même son propre frère ne sait pas où il habite !
Il y a quelques temps, la police a déterré une série de corps dans la région, puis les fouilles se sont subitement arrêtées. Lorsqu’il a posé la question dans un article, du pourquoi on ne continue pas ces recherches, il a reçu un e-mail lui demandant de se taire, et de prendre garde à ses fils.
Martin a accusé une patrouille de police d’avoir collaboré à un kidnapping, en faisant en sorte qu’il soit “clean”, c’est-à-dire en étant présente et en contrôlant le bon déroulement des faits. Un e-mail anonyme arrive peu après: “c’est la dernière fois que vous remettez en cause l’autorité”.
Dans mon film de cette semaine, j’ai recueilli le témoignage de l’ami d’une des personnes dont les têtes coupées ont été déversées dans un bar. Une action visant à faire peur. Des gens cagoulés sont entrés dans ce bar avec un grand sac, rempli de plusieurs têtes, qu’ils ont vidé à terre après avoir tiré des coups de feu pour attirer l’attention. Il se fait que Martin a été un des premiers sur place. Il a constaté que la police a mis un temps anormalement long pour arriver, ce qu’il a dénoncé. E-mail: “ne plus parler de cette anomalie”.
Martin a pris des photos dans ce bar, que la presse locale n’a pas voulu diffuser, par peur de représailles. Seuls des journaux fédéraux l’ont fait. Selon lui, il faut diffuser ce genre de photos – choquantes, il faut bien le dire – afin qu’un maximum de personnes prennent conscience de l’ampleur de la violence. Il me les a transmises. J’ai choisi de ne pas les publier ici, car elles sont difficilement soutenables, et je ne veux pas vous les infliger sans mise en garde. Vous pouvez consulter la plus “soft” en cliquant ici.
Marie-Michèle | novembre 17, 2008 @ 23:13 Je trouve très nôble que tu publies autant de détails et d’explications quant à la condition au Mexique et ainsi, nous sensibiliser, nous gens de l’extérieur. J’espère que tes actions porteront fruits… Bref, tu auras fait ta part. Attention à toi.
MM
Dans un Mexique où les touristes se prélassent sur des plages paradisiaques, des habitants, eux, vivent dans la peur. Uruapan est un exemple de cette facette méconnue du pays.
La région d’Uruapan est un passage obligé pour la drogue vers les Etats-Unis. Un commerce énorme. Tout le monde connaît de près ou de loin des victimes ou des membres de la mafia. Ce qu’on n’avoue qu’à demi-mots, car pour se protéger soi-même, le silence est d’or. La police est corrompue, ce qui laisse la population complètement impuissante.
La mafia contrôle beaucoup de choses. Elle a notamment la main-mise sur les activités pas tout à fait légales ou pas du tout légales, mais que le gouvernement ne sanctionne pas. Le commerce de la drogue, bien évidemment, mais aussi le commerce des copies pirates, des jeux d’argent, etc. La vente des DVD et des CD copiés est une véritable institution au Mexique, mais dans la région d’Uruapan, si le vendeur n’appose pas l’autocollant de la mafia sur chacune des copies, il risque gros. Il doit acheter ces autocollants par téléphone à un anonyme. Même chose pour les machines à sous, le commerçant est contacté tous les mois par une personne différente, à laquelle il doit remettre une taxe.
A côté de cela, les disparitions. Maribel Martinez, conseillère municipale d’Uruapan, a été enlevée le mois passé. Pas de revendications exprimées à ce jour. Il y a aussi les meurtres de personnes qui n’agissent pas conformément aux règles mafieuses. Ou les pressions sur les journalistes qui osent critiquer.
Ou encore les « kidnappings express », qui ne durent que quelques heures, le temps que la famille transmette l’argent aux kidnappeurs. Parfois des sommes peu conséquentes, il s’agit alors souvent d’autres bandits que la mafia.
Alors que Uruapan semble au premier abord être une petite ville bien tranquille, force est de constater qu’il y règne en fait un vrai climat de peur.
Plus d’info sur ce sujet sur mon blog:
– un extrait d’article intéressant sur la situation globale de la corruption au Mexique, du CF2R
– rencontre avec un journaliste d’Uruapan, en proie à des menaces de la mafia
[Note. Dans la version originale, le visage de la dernière intervenante n’était pas flouté, comme elle le voulait, mais j’ai opté pour ne prendre aucun risque pour la version en ligne]
Thème imposé : Cessez-le-feu Lieu : Mexique, Michoacan, Uruapan Mon état moral : 7/10 Hébergement : Chez Chucho. Probablement ma meilleure expérience Couchsurfing. Inspiration : C’est mon hôte Chucho qui m’a parlé du problème. Puis nous y avons été confronté par hasard: un des faits présentés dans le film s’est produit juste avant que nous rencontrions une des personnes interviewées.
RESULTATS DU JURY Tatiana De Perlinghi: 15/20
Je suis partagée. le sujet est très fort et les témoignages aussi, la sobriété des images est juste, mais le montage est haché, basique (fin très brutale) les questions interviennent désagréablement (pourquoi ne pas les éliminer, ou au minimum les refaire?). C’est un travail intéressant, mais qui me semble innabouti. question: où cela se passe-t-il?
Micheline Lanctôt: 11/20 On a l’impression qu’il manque quelque chosre à ce film. Trop sommaire, absence des visages crée une sensation de frustration, d’autant plus que c,est tourné de façon conventionnelle. Il aurait peut-être fallu pallier à l’incognito avec une caméra moins sage.
Laurent Lucas: 16/20 Tu nous fait peur de t’aventurer comme ça dans des domaines si dangereux. Mais j’ai adoré ton film. Tu te fais le relais de la colère de ces gens et j’ai fini ton film en ressentant une immense frustration. C’est vraiment réussi. Bravo.
-2 retard à la remise
Note finale: 40/60
Lili - 24 nov. 2008
Très dur à entendre, mais je suis surtout impressionné par la confiance que tu dois leur inspirer...
Brigitte Membrive - 23 nov. 2008
Un film osé, courageux, des témoignages marquants mais peu ou pas d'images pour mieux appréhender la situation de vie de ces personnes,
Bravo pour l'audace du sujet!
M - 20 nov. 2008
Moi aussi j'etais en colere a la fin. Tu nous amenes a du contretransfert de la colere de ces gens a plusieurs niveaux: bien sur le sujet. Bien sur aussi les visages manquants. Enfin, les coupures noires subites alimentent franchement cette colere aussi. C'est finalement comme si on perd conscience, qu'on est soi-meme attaque, arrache au personnage.
momo9cam - 20 nov. 2008
Non ce n'est pas un scénario Hollywoodien, c'est la réalité de plusieurs petits bleds mexicains.
L'appel du dernier recours c'est ce que nous pouvons lire dans les yeux de cette dame.
J-J NOEL - 19 nov. 2008
Bien fait et ça fout vraiment la trouille pour ces pauvres gens....
mariannehody - 19 nov. 2008
Ces témoignages terrifiants se seraient mal accommodés de "fioritures" formelles. La présentation journalistique s'indiquait en l'occurence. J'ai de la peine en entendant les pleurs contenus des femmes.
Anne-Marie M. - 18 nov. 2008
Tu as vraiment trouvé un très bon sujet. Je crois que tout le monde sera d'accord avec moi pour dire qu'on est content que tu sois encore vivant! Tu aimes vivre dangereusement on dirait!
Corinne - 18 nov. 2008
Excellent sujet bravo. Mais traitement audiovisuel trop conventionnel.
Vince - 17 nov. 2008
Wow...tu as vraiment cotoyé le danger ! Excellent sujet même s'il est déplorable de connaître telle situation. Les transitions et la chute me semblent trop brutale mais peut-être sont-elles liées à cette brutalité ambiante. Ton film fait naître beaucoup de sentiments et d'émotions ce qui est une bonne chose. Beau travail.
jean denys tytgat - 17 nov. 2008
quel endroit pourri et nous qui pleurons pour des conneries quels temoignages ! attention a toi tu flirtes avec le danger il y a encore des films a faire on a encore besoin de toi