La guerre des cartels fait rage

Extrait de la note d’actualité n°130 du Centre Français de Recherche sur le Renseignement.

(…) La situation sécuritaire au Mexique est actuellement dramatique. Ce pays est considéré comme le plus dangereux au monde juste après l’Irak. Les municipalités et les Etats provinciaux sont considérés comme totalement gangrenés. En conséquence, les services de police locaux semblent être inféodés à la pègre. Même au niveau fédéral, des cas de corruption ont été découverts. La menace physique pèse en permanence sur les décideurs. Ainsi, l’épouse d’un cousin germain du président Calderon a été assassinée 15 jours après son élection à titre d’« avertissement ».

La violence due aux cartels mexicains dépasse désormais les frontières. Ainsi, aux Etats-Unis, les meurtres se multiplient non seulement dans la région frontalière, mais aussi à l’intérieur de pays où la communauté hispanique immigrée est de plus en plus importante. De plus, les « Maras » sont très présents sur le territoire américain.

Il y a peu de chance que la situation évolue favorablement dans un proche avenir. Malgré les 35 000 militaires et policiers engagés dans la guerre contre les cartels à l’initiative du président Calderon, la situation est pourrie en raison de l’infiltration des services de sécurité par le crime organisé. Ceux qui sont incorruptibles se retrouvent sur des listes d’hommes à abattre de tueurs chevronnés qui n’hésitent pas non plus à s’en prendre à leurs familles. La peur règne au sein de la population qui, par crainte des représailles, ne coopère pas avec les forces de l’ordre. Les criminels et leurs proches ne dédaignent même plus à se pavaner en public en exhibant leurs richesses acquises dans de juteux trafics. Quiconque oserait s’en prendre à eux serait impitoyablement puni.

Plus généralement, si le monde craint la menace terroriste d’origine islamique, le danger que représentent les organisations criminelles transnationales (OCT) est infiniment supérieur en raison de la puissance financière qui est la leur. De plus, les OCT ont réussi à infiltrer la société civile en se servant de la corruption, de l’appât du gain et parfois de la menace (« plata o plomo », « de l’argent ou du plomb »).

En résumé, le crime organisé – qu’il soit sud-américain, russe, européen ou extrême-oriental – constitue actuellement un risque majeur pour les démocraties occidentales. Or, la majorité des Etats font porter leurs efforts policiers sur le terrorisme, dégarnissant d’autant les effectifs chargés de lutter contre le crime organisé. Il est peut-être encore temps d’inverser la tendance.

Source: Centre Français de Recherche sur le Renseignement. “Mexique: la guerre des cartels fait rage”. Note d’actualité n°130, 30 mai 2008. Disponible en ligne: http://www.cf2r.org/fr/notes-actualite/mexique-la-guerre-des-cartels-fait-rage.php (16 nov 08)