Moral en dents de scie

Je suis de moins en moins content de mon projet de petit film. J’ai opté pour un regard « systémique » sur les flux de personnes dans Calgary. Une ville super riche, presque que de bureaux, qui est envahie tous les matins par les travailleurs… et par des centaines de sans-abris. C’est incroyable. Dans certaines artères, il y en a autant que de gens « avec-abris ». Deux communautés qui ne se partagent rien, sauf le même espace.

Bref, de plus en plus, je me dis qu’on va me reprocher de ne pas avoir suivi une personne en particulier. Surtout que c’est le premier truc que le jury va voir de moi.

Et parfois non, je me dis que c’est original. Mais en tous cas, je m’y prends mal et je n’arrive pas à en sortir: je passe tout mon temps à ça, je ne fais rien d’autre que de me lever à l’aube, marcher toute la journée et rentrer crevé.

Je me rends chez mon troisième et dernier hébergeur à Calgary: une famille en banlieue. Je suis à l’avance, et je m’assieds au bord d’un parking de centre commercial. Je réalise je suis à trente kilomètres du centre, toujours en pleine ville, dans un quartier qui porte le nom du centre commercial. En Amérique, c’est pas un clocher, qu’on trouve au milieu d’un quartier, mais un centre commercial. Peut-être que l’expression consacrée, ici, c’est « il faut remettre le centre commercial au milieu du village » ?

Débordant d’énergie

Mais ça me fout le blues. Si c’est ça, l’Amérique, eh bien c’est bon, j’ai compris, pas besoin d’y rester trois mois. Comment je vais faire pour trouver des sujets de films dans cette jungle uniformisée ?

Mais il m’en faut peu, pour le moment, pour passer d’un état démotivé à un état super positif.

Genre tomber sur une famille couch surfing qui m’accueille à bras ouverts.

Wendy, Charlie et Fraser sont débordants d’énergie, de sourires, de curiosité à mon égard. Ils m’emmènent au restaurant (les restos, c’est aussi dans les centre commerciaux, mais bon).

Ils m’expliquent tout sur le geo-caching qu’ils pratiquent avec passion. C’est un autre site web communautaire dont le but est de cacher des « trésors » un peu partout dans le monde, et laisser des indices sur le site. On regarde s’il y en a qui sont cachés à Gedinne, mon village en Belgique. Y en a trois ! Et je connais les lieux-dits décrits. Ca fait tout bizarre. Mon père adorera ça.

J’aurais vraiment aimé accepter leur proposition de faire une balade geo-caching avec eux, mais « c’est à l’aube que tout commence » tombe comme une sentence, et ce sera pour une autre fois.

Il faut vraiment que je m’organise mieux pour la suite. Trouver un sujet simple, petit, concret, chouette, le tourner en un jour maximum, le monter DE MANIERE SIMPLE en un autre jour maximum, privilégier les plans séquences de par exemple 3 min 45, et profiter du voyage ensuite, sinon, Müvmédia va devenir une corvée. Il faut que ça reste un plaisir, absolument. Voilà, je l’ai écrit, comme ça, c’est officiel, et je suis bien obligé de m’y tenir. Désolé de vous faire subir cette popote interne, mais merci de l’avoir accréditée par votre lecture 😀

 

Charlie, Wendy et Fraser

Fraser s’en va à l’université de l’autre côté du Canada la semaine prochaine. Sa mère et lui sont allés acheter des webcams pour communiquer par Skype. Ca me fait rire, toutes les mères sont les mêmes par rapport à l’informatique. Je leur dis.
maman | août 27, 2008	@ 8:32
C’est pas clair, mon petit; explique mieux: elles sont comment toutes les mères par rapport à l’informatique? “Je leur dis” ? : tu dis quoi à qui? C’est parce que je n’ai pas encore installé Skype? Ca va venir. Bientôt.
Mais je m’en vais d’abord chercher les 3 trésors cachés à Gedinne.
On en a bien besoin car on s’est saigné aux 4 veines pour vous et puis on apprend, comme ça, en lisant ton blog, que tu voulais plutôt faire fermier, et que ça a plus de sens que de faire des films. Tu aurais pu le dire plus tôt. Enfin, bon.
Baisers et bon travail.

Delphine | août 27, 2008 @ 8:38
Génial le geo-caching!

Serge | août 27, 2008 @ 15:03
Ouf.. faut surtout pas se faire une idée de « l’Amérique du Nord » par rapport à Calgary, sinon on part en déprime!

Alice ta soeur | août 29, 2008 @ 7:40
T’inquiète mon grand! Moi je comprends “comment t’écris”!! Mais Maman a bcp d’humour… :-)

Pierre, ton ancien prof | septembre 2, 2008 @ 16:22
Voici seulement que j’ouvre le volume me renseigné par ma fille Delphine.
J’aime ce terme de “volume” car il me semble que je le palpe de manière incomparable aux touches que je presse avec une certaine difficulté d’écriture car point n’entends le crissement de la plume écharpant le papier.
Skype? Bof! Cordon ombilical. Typiquement maternel …
L’aventure c’est l’aventure et le geo-caching peut encore se vivre en direct … avec la pluie, le soleil, la neige ou la grêle qui cognent le corps et le font vivre de tous ses sens.
Vas-y Jee-Bee. Persiste et signe.

Messe protestante

J’ai accompagné ma famille couch surfing à la messe, ce dimanche. Eh bé. Ca, c’est du dépaysement.

Tout d’abord le lieu. Un complexe de cinémas. Si, si. Au centre commercial. Salle 4. Café et cookies gratuits à l’entrée pour consommer dans la salle (manque plus que le pop corn). Powerpoint géant pour faire karaoké pendant les chants. Vidéos intermèdes. Un vrai show.

D’abord un moment de prière avec un prêtre qui chante en duo avec une pianiste. Toute l’assemblée chante aussi (sauf moi qui ne connait pas les chants). Tout le monde suit, tout le monde a l’air passionné. C’est beau, mais ça m’effraie aussi. Après la partie chants et prières, un autre prêtre arrive pour faire un sermon. Thème de ce dimanche: les Mormons. Toute la doctrine de cette Eglise concurrente est démontée point par point, avec citations de la Bible comme justifications, et power point à l’appui. Puis témoignage d’un couple d’ex-Mormons. Puis, ça se termine brusquement. Sans Notre-Père, ni Hosana, ni communion, ni rien.

Au retour, j’explique avec diplomatie à Charlie et Wendy que je ne suis pas à l’aise avec ces exhaltations de foule. Moi, ça me prend à la gorge comme un film émouvant et j’ai vraiment dû me retenir pour ne pas pleurer comme un con ! Jsé pas pourquoi, moi, une assemblée qui chante à l’unisson, ça me fait cet effet là. Wendy invoque le divin. Je dis que je ne pense pas que ce soit mon cas, que c’est le même effet qu’un film, qu’une manifestation. On est emporté, ému, on perd le contrôle. Et que ça me met mal à l’aise quand c’est dans un cadre religieux. Elle acquiesce, elle est d’accord. Elle dit que la Foi, ça doit se vivre là (elle montre son coeur) et là (elle montre sa tête). J’approuve. Ils sont bien, Wendy et Charlie.

Matthieu Dugal | août 27, 2008 @ 11:05
beau sujet de film!
bon courage! j’ai hâte de voir ton prochain montage
ton dévoué animateur
Matthieu Dugal

Andréanne | août 28, 2008 @ 14:26
Salut Jean-Baptiste!
Je voulais juste te dire que tu n’es pas seul - moi aussi les foules en unisson, que ça soit des chants ou des applaudissements, ça me fait cet effet-là. Je sais pas pourquoi mais ça me donne les larmes aux yeux… On est des êtres sensibles toi et moi ;)

Alice | août 29, 2008 @ 7:36
Salut Jean!
Pareil pour moi aussi, ça m’impressionne fort ce genre d’émotion exacerbée…
J’avais vu aussi une messe protestante à Dublin, et comme toi je m’y étais sentie mal à l’aise!
Continue à donner beaucoup de nouvelles, c’est gai!
Ta soeur!

Pierre, ton ancien prof | septembre 2, 2008 @ 16:52
Cette sensibilité reste une valeur sûre. La laisser nous submerger est toujours bon. Après doit, aujourd’hui, venir la réflexion.

Denys, ton père qui t'admire | septembre 9, 2008 @ 12:53
Bonjour JB, ça va ?
Je ne pouvais pas croire qu’il n’y ait plus de nouvelles ; je pensais que maman ne les trouvait pas … Et bien non, la source semble tarie.
L’année prochaine nous irons chialer comme des veaux et à la messe protestante et à la commémoration de la bataille du maquis à Graide (17 jeunes massacrés par les Allemands en 44) ; je viens d’y aller pour la première fois ; appel aux morts, clairon, drapeaux, harmonie, chant des partisans : tout le bazar ; dur dur.
Allez, à bientôt, tu auras des nouvelles du Gordel par Andréanne.