Faut des sous, pour étudier en Amérique du Nord

En première année en supérieur, j’avais un cours d’introduction à la macro-économie. J’y ai appris que l’on bénéficiait en Europe de l’”Etat providence”. C’est-à-dire que les gens paient des impôts, en échange de quoi ils bénéficient d’une couverture sociale. Un système qui se situe entre une économie de marché pure, et le communisme. J’avais réussi mon examen.

Mais j’ai seulement compris aujourd’hui ce que cela signifie vraiment.

Brayden est la première personne chez qui je vais dormir en tant que « couch surfer », le système qui permet de trouver à se loger chez l’habitant, via le site www.couchsurfing.com.

Il est étudiant. Il vit avec trois autres étudiants dans une petite maison non loin du centre de Calgary. Que font ces quatre étudiants pendant l’été ? Ils bossent dur. Très dur. Parce que les études, en Amérique du Nord, c’est pas pour rien. Et si on n’a pas de riches parents derrière, il faut vraiment être très motivé pour étudier. Et motivés, ils le sont, mes hôtes. Ici, 10.000 dollars, c’est un petit minerval (mot belge, c’est le montant annuel à payer à l’université pour y étudier). En Belgique, c’est 500 euros…

Et tout ça sans compter le prix vraiment excessif des logements à Calgary. Eh bien, partager deux jours la vie d’étudiants qui passent leur été en se demandant s’ils auront les ressources suffisantes pour continuer en septembre, ça fait me fait subitement mieux capter mon cours d’introduction à la macro-économie.

Brayden, qui m’héberge pour mes deux premières nuits à Calgary

Brayden m’a gentiment mis sur la piste d’un sujet de film sur Calgary. Le thème étant « c’est à l’aube que tout commence », il m’a parlé des centaines de sans-abris qui rentrent dans la ville tous les matins.

Pierre, ton ancien prof - septembre 2, 2008 @ 16:37
L'école de la vie... ? 

Chris: autre couch host sympathique. Calgary early morning: même chose

Chris

Me voilà donc levé à quatre heures du mat pour observer le réveil de la ville. Presque tous les jours dela semaine. Et ce après trois nuits dans le bus. Le lit et la chambre d’amis de Chris, mon nouveau couch host, sont super confortables, mais j’ai l’impression que les nuits n’y durent que dix minutes !

François Ducasse | août 31, 2008 @ 20:01

Salut Jean-Baptiste,

Je suis celui qui était avec Lucie la curieuse quand nous avons mangé des sushis à Régina. Je suis bien heureux de savoir que l’émission ne sera sur les ondes qu’à partir du 21 septembre comme ça je n’aurai rien manqué de vos reportages.

Nous avons poursuivi notre route à Vancouver, Victoria et ensuite un trajet très long en autobus jusqu’à Chicago où nous avons passé deux jours. Maintenant nous sommes revenus dans la jungle de la maison.

Si tu repasses par Montréal laisse nous savoir.

Bonne route.

François et Lucie

 

[FILM ETAPE 1] Coexistence

Calgary est une ville de gratte-ciels. Ce sont les bureaux des compagnies pétrolières qui exploitent les sable bitumineux de la région. Une ville éminemment riche et prospère, complètement déserte la nuit. Mais à l’aube, elle se repeuple. D’une part, par les travailleurs, et d’autre part, par des centaines de sans-abris. Deux populations coexistent ainsi à Calgary. Tout les sépare. Mais elles partagent le même espace.

À Calgary, les gratte-ciels poussent comme des champignons. Ce sont principalement les sièges de compagnies pétrolières. La région exploite le sable bitumineux, ce qui entraîne un véritable boom économique. Le centre ville est donc une forêt de bureaux, toute vide la nuit. Le prix du logement a explosé. Conséquence directe: un nombre important de personnes ne peut tout simplement plus se permettre un toit. Calgary compte de nombreux sans-abris, ce qui est paradoxal pour une ville tellement riche. Ce paradoxe est particulièrement palpable au niveau visuel. La ville se veut tellement propre que les sans-abris dorment à l’extérieur du centre, et pour beaucoup, dans des centres d’accueil. Mais le matin, ils réinvestissent la ville. Le centre, tout vide la nuit, se voit ainsi remplir de deux populations distinctes: les travailleurs et les sans-abris.

Thème imposé : C’est à l’aube que tout commence
Lieu : Calgary, Alberta, Canada
Mon état moral : 5/10
Hébergement : Trois couchsurfings différents
Inspiration : C’est incroyable le nombre de sans-abris dans les rues du richissime centre de Calgary. À certains endroits, il y presque autant de sans-abris que de « avec-abris ». Une ville riche avec plein d’emplois vacants et des centaines de sans-abris, complètement dépassés par le système.


RESULTATS DU JURY
Emmanuel Gras: 13/20
J’ai trouvé le film visuellement maîtrisé et réussi. Le réalisateur a su trouver dans la ville ce qui nourrissait son propos. Le titre correspond très bien à ce qui est montré, cette idée de coexistence, en intégrant dans des mêmes cadres des SDF et des gens menant leur vie.
Je trouve donc le film pertinent, mais manque un peu de force. Un joli objet, mais sa forme trop « clipesque » fait que l’on a la sensation de rester à la surface.

Tatiana De Perlinghi: 13/20
Le début est intriguant, le milieu bien rythmé (beau travail de montage) mais on s’épuise avant la fin, car on ne rentre jamais vraiment dans le sujet. On est trop en retrait, on ne sait pas ce que le réalisateur a à en dire. Je n’ai pas senti ni leur présence ni ta présence.

Pascale Buissières: 14/20
Jean-Baptiste nous transporte dans une grande ville à l’aube où coexistent les employés des grandes entreprises pétrolières et les sans-abri qui se réfugient où ils peuvent.
Son film minimaliste qui pose un regard plutôt superficiel sur cette réalité que l’on retrouve de fait dans toutes les grandes villes du monde manque d’audace et de point de vue.
En quoi ce phénomène est-il singulier à Calgary? On n’est pas vraiment situé et le propos reste trop mince. On reste en périphérie.
On sent une certaine maîtrise dans les cadres et le montage, mais les images redisent toujours la même chose.
Je pense que Jean-Baptiste démontre une sensibilité esthétique, il lui faut maintenant plonger dans la foule.

Note finale: 40/60

jf 15 juin 2009
J'ai bien aimé. C'est lent mais ça aide à bien percevoir les différences, tout en ajoutant à la poésie. Beau travail de recherche d'image aussi.

delphine.saintviteux 03 nov. 2008
Impressionnant et poignant de sensibilité (comme tes autres films d'ailleurs...) Mais celui-ci fait vraiment très fort!! Waw!! Bonne continuation dans ton périple.

ghody 09 oct. 2008
flippant ... La musique, après les corneilles du petit matin,les rues fleuries et le parc soigné renforcent encore ce que cette cohabitation a d' incongru et de choquant Il suffirait d'un poil pour que ton film soit génial

mjgmjg7 05 oct. 2008
Les biens nourris, les bien lavés, ceux qui savent où ils vont, et puis tous les autres, ceux qui errent avec leur charriot de supermarché (!). Le "NO COMMENT" et le rythme lancinant donne une force inouïe à cet étrange ballet.
	
Vince 03 oct. 2008
Bon choix de sujet. Mise en situation assez longue ; le rythme de la 2nde partie est nettement plus intéressante. Le "microcosme" que tu as su capter aurait mérité un approfondissement. Plan du caddie sur le journal très bien réalisé. Bonne continuation.
	
Brigitte Membrive 03 oct. 2008
Le film montre la non-existence que les nantis infligent aux sdf, ok mais j'aurais aimé ressentir une implication du cinéaste dans cette tristesse urbaine et non juste un état de fait film.

momo9cam 02 oct. 2008
Un reserrement adéquat aurais ajouté un soupcon de dynamisme manquant à ce très juste et saisissant portrait matinal.   C'est bien parti.

ofa 30 sept. 2008
Horizontalité visuelle ennuyante, film plat
	
mariannehody 29 sept. 2008
Moi qui suis sévère, j'ai bcp aimé: ce faux détachement dans la facture rend l'indifférence encore plus révoltante; c'est subtil. Et tous ces caddies, symbole d'abondance détournés de leur fonction par les sdf. A voir et surtout revoir car plein de sens.

Anne-Marie M. 29 sept. 2008
Bonjour Jean-Baptiste!
J'ai bien aimé tes films jusqu'à maintenant, mais celui-ci me déçoit... :( Tu as tellement une belle façon d'aborder tes films avec humour! Essaie d'exploiter ça un peu plus: c'est un grand atout que tu possèdes...

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